La laborieuse quête des enfants de Julien et Mélie

Cher cousin, chère cousine,

La recherche des cousins et cousines de nos arrière-grands-parents n’est pas toujours très simple. Cela l’est quand l’orthographe du nom de famille est constant, quand il n’y a pas de variation du prénom utilisé pour une même personne et quand les familles restent dans la même commune. En consultant les recensements, les tables décennales et les registres des naissances, on trouve alors aisément tous les enfants d’un couple.

Ce n’est pas toujours le cas, et certaines familles cumulent les variantes du nom de famille, du prénom des personnes et une mobilité géographique.

En voici un exemple : il s’agit de la recherche des cousins de notre arrière-grand-père Henri AUBIN, et plus précisément ses cousins côtés maternels. Pour trouver les cousins, il faut d’abord identifier les oncles et tantes de notre arrière-grand-père, en l’occurrence les enfants de ses grands-parents maternels. Voici son arbre généalogique avec ses parents et grands-parents :

Son grand-père maternel s’appelle René JANNEAU, ou JANAULT. Sa grand-mère maternelle s’appelle Jeanne HAREL, ou HARELLE. La recherche de leurs enfants est simple, car, comme leurs deux parents, tous sont nés à Saint-Sulpice-des-Landes en Loire-Atlantique. Saint-Sulpice-des-Landes fait maintenant partie de la commune nouvelle des Vallons-de-l’Erdre, et ne doit pas être confondue avec la commune portant le même nom mais située en Ile-et-Vilaine, où vécurent aussi certains de nos ancêtres par notre arrière-grand-mère Louise HALET !

Grâce au recensement de 1836 à Saint-Sulpice-des-Landes, j’ai établi une première liste des enfants de René JANNEAU et Jeanne HAREL :

Recensement Saint-Sulpice-des-Landes 1836 – Archives Départementales de Loire-Atlantique

La consultation des registres des naissances de 1808, année de leur mariage, à 1833, permet d’obtenir les dates de naissance et compléter cette liste avec les enfants qui seraient partis ou décédés en bas-âge. Voici donc les oncles et tantes maternels de notre arrière-grand-père :

  • René JEANNAULT né le 25 octobre 1810
  • Pierre JANNAULT né le 11 novembre 1812
  • Jean JANNAUT né le 15 janvier 1815
  • Julien JANNAUT le 25 novembre 1817
  • François JANNAUT né le 20 janvier 1820
  • Jeanne JANNEAU née le 30 juin 1822
  • Marie JANNEAU, la mère de notre arrière-grand-père née le 20 avril 1828
  • Louis JANNEAU né le 30 décembre 1830
  • Alexandre JANNAUD né le 27 août 1833

J’ai utilisé l’orthographe du nom famille tel qu’écrit dans les actes de naissance. Tu peux en constater la variété !

Je vais maintenant te raconter les recherches effectuées pour trouver les enfants de Julien, le 4e fils :

En parcourant les tables décennales de Saint-Sulpice-des-Landes, je ne trouve ni mariage, ni décès le concernant.

Sur geneanet.org, je trouve un arbre généalogique qui mentionne le décès d’un Julien JANNAUT le 22 janvier 1883 à Saint-Mars-la-Jaille. Il y est mentionné comme époux d’Anne Marie FLIPPEAU. Effectivement, en consultant les archives, on trouve bien ce décès en vue 4/10. Son lieu de naissance et ses parents sont cités. Il s’agit bien de l’oncle de notre grand-père :

Acte de décès de Julien Jannaut – Archives Départementales de Loire-Atlantique

Je recherche ensuite le mariage pour savoir à partir de quel moment il faut chercher des enfants. Mais pas de trace d’un mariage de Julien JEANNEAU (sous toutes les graphies imaginables) avec Anne Marie FLIPPEAU ni à Saint-Mars-la-Jaille, ni à Saint-Sulpice-des-Landes de 1833 à 1862.

Je pars alors à la recherche de l’acte de décès d’Anne Marie FLIPPEAU, celui-ci pouvant donner des informations intéressantes, son lieu de naissance par exemple. Je recherche donc le décès dans les tables décennales de Saint-Mars-la-Jaille de 1883 à 1922 : Rien ! FLIPPEAU, cela pourrait être PHILIPOT ou PHILIPEAU, mais pas non plus de décès d’Anne Marie PHILIPOT dans cette période.

Autre ressource à notre disposition, les recensements. Je me lance dans la consultation 35 pages du recensement de 1881 de Saint-Mars-la-Jaille en espérant y trouver Julien et Anne Marie. Les recensements ne sont pas classés par nom de famille, mais par lieu de résidence. Il faut donc les parcourir jusqu’à trouver la famille cherchée. Et dans la vue 13, je trouve Julien JANNEAU et Amélie PHILIPPEAU ! Anne Marie semble se faire appeler Amélie !

Recensement Saint-Mars-la-Jaille 1881 – Archives Départementales de Loire-Atlantique

Je repars dans les tables décennales de décès pour trouver le décès d’Amélie PHILIPEAU le 26 avril 1906, toujours à Saint-Mars-la-Jaille :

Acte de décès de Mélie PHILIPPEAU – Archives Départementales de Loire-Atlantique

Je note qu’elle a un neveu Louis JANNEAU, garde champêtre, qui a 49 ans et qui vit aussi à Saint-Mars-la-Jaille; probablement un cousin de notre grand-père dont il faudra trouver les parents.

Je note surtout qu’Amélie est originaire de Montoir dans le Loir-et-Cher. J’aurais donc pu tourner longtemps en Loire-Atlantique ! Je vais donc sur le site internet des archives du Loir-et-Cher afin de consulter les tables décennales de Montoir, dans l’espoir d’y trouver le mariage de Julien de Amélie. Et je trouve, en vue 215/433 des tables décennales, la mention du mariage de JEANNEAU Julien et PHILIPPEAU Mélie Anne, le 19 août 1851. Une nouvelle variante du prénom de la femme de Julien, que je désormais utiliser. .Je consulte ensuite les registres de mariage pour trouver leur mariage en vue 123/428 :

Acte de Mariage de Julien JANNAUT et Mélie PHILIPPEAU – Archives Départementales du Loir-et-Cher

L’acte de mariage indique que l’épouse est née à Lavardin., et que l’époux habite Monnaie en Indre-et-Loire.

Après la Loire-Atlantique et le Loir-et-Cher, nous partons donc en Indre-et-Loire à la recherche d’enfants qui pourraient être nés à Monnaie. En consultant les tables décennales des naissances de 1851 à 1872, je trouve une fille, Laurence Zoé Emilie née le 12 décembre 1853 à Monnaie. Voici son acte naissance, en vue 201/389 :

Acte de naissance de Laurence JEANNEAU – Archives Départementales d’Indre-et-Loire

Comme il n’y a pas d’autre naissance mentionnée dans les tables décennales (il y a des Jouanneau, mais ce n’est pas la même famille), je me dis que la famille a sûrement quitté Monnaie en 1854 ou 1855 pour Saint-Mars-la-Jaille. Je recherche donc des naissances de Jeanneau dans les tables décennales de 1853 à1862 de Saint-Mars-la-Jaille. On ne trouve qu’une seule naissance Janneau : Désirée Jeanne Marie JEANNEAU née le 19 mars 1861. En consultant l’acte de naissance on constate qu’il ne s’agit pas d’un enfant de Julien, mais de Louis, un de ses frères, et Désirée TALOURD. C’était donc une mauvaise piste pour trouver des enfants de Julien et Mélie, mais une nouvelle cousine trouvée pour notre arrière-grand-père.

Pendant que je suis sur le site des archives de Loire-Atlantique, je consulte le recensement de 1872 à Saint-Mars-la-Jaille pour tenter d’y trouver Julien et Mélie. En vue 12, on voit la famille du frère de julien, mais pas de trace de Julien au bourg (je n’ai consulté que les pages liées au bourg puisque Julien y est décédé).

Je poursuis avec le recensement de 1876, toujours à Saint-Mars-la-Jaille, et je les découvre en vue 7, habitants le bourg. Aucun enfant ne vit avec eux, et pour Mélie, c’est la prénom Émilie qui est indiqué.

Recensement Saint-Mars-la-Jaille 1876 – Archives Départementales de Loire-Atlantique

Comme je ne trouve pas d’enfant en Loire-Atlantique, je repars à Monnaie en Indre-et-Loire où est née leur fille. Le recensement de 1856 (vue 43/59) nous apprend qu’ils habitent au Château les Belles Ruries :

Recensement Monnaie 1856 – Archives Départementales d’Indre-et-Loire

Il est indiqué que Julien est cocher. Mélie y est nommée Emélie, et aucun enfant ne vit avec eux.

Peut-être que les enfants vivent avec les parents de Mélie, et que Mélie retournait chez ses parents pour y accoucher ? Retour donc en Loir-et-Cher pour consulter les tables décennales de Montoir pour voir s’il y a des naissances JANNEAU. Après les avoir parcourues de 1853 à 1872, on constate qu’il n’y a pas eu de naissance d’enfants JANNEAU sur cette période.

Il se fait tard, je reprendrai les recherches un autre jour.

décoration personnelle

Une semaine après, je pars sur une autre idée. Sur le site des archives de Loire-Atlantique, nous pouvons consulter les tables de succession qui peuvent donner des indications sur les héritiers, et donc sur l’existence d’enfants vivants au moment du décès de Mélie et Julien.

On trouve la mention du décès de Émilie PHILIPPEAU en vue 144/179 de la table de succession de Saint-Mars-la-Jaille pour la période 1897-1908 (c’est tout petit, mais tu peux cliquer sur l’image pour l’agrandir) :

Table alphabétique des successions et absences de Saint-Mars-la-Jaille 1897-1908 – Archives Départementales de Loire-Atlantique

Comme héritier, est indiqué Henri GILOTEAU, « son légataire », par testament du 8 décembre 1895. Il s’agit probablement de son petit neveu, petit fils de Louis JANNEAU, frère de Julien. Cela laisse supposer qu’elle n’a alors ni enfant vivant, ni petit-enfant.

La table de succession de Saint-Mars-la-Jaille pour la période 1880-1885 nous indique en vue 61/98 que les héritiers de Julien sont sa veuve et ses sœurs :

Table alphabétique des successions et absences de Saint-Mars-la-Jaille 1880-1885 – Archives Départementales de Loire-Atlantique

Il est donc probable que leur fille Laurence soit décédée auparavant. Partons donc à la recherche de son décès, à Monnaie en Indre-et-Loire où vivent ses parents. En consultant les tables décennales des décès de 1853 et 1862, puis de 1863 à 1872, on ne trouve pas le décès de Laurence JEANNEAU.

Peut-être vivait-elle chez ses grands-parents maternels à Montoir dans le Loir-et-Cher. On ne trouve pas de décès de Laurence dans les tables décennales de de 1853 à 1862, ni de 1863 à 1872. Mais vue 298/433, je vois JEANNOT Emilie Laurence décédée le 8 octobre 1863. Peut-être s’agit-il de la fille de Julien et Mélie ? Cela est confirmé dans le registre des décès de Montoir (vue 475/723) :,

Acte de Mariage de Laurence JEANNEAU – Archives Départementales du Loir-et-Cher

Émilie était donc probablement son prénom d’usage. On retrouve bien les trois prénoms de son acte de naissance, mais dans un ordre différent. Il est bien précisé qu’elle vit chez sa grand-mère maternelle.

Je fais une dernière recherche : le recensement de Montoir en 1861 : en vue 394/355, au Tertre, on trouve la grand-mère et sa petite-fille Mélie JANOT, âgée de 8 ans :

Recensement Montoir 1861 – Archives Départementales du Loir-et-Cher

J’en conclu que Julien JANNAUT n’a eu qu’une fille dont le prénom d’usage était Mélie, et non Émilie ce que son acte de décès pouvait laisser croire. Elle est née en 1853 et décédée en 1863 :

Julien JEANNAU, son épouse et sa fille

Notre arrière-grand-père étant né aussi en 1853, il aurait pu connaitre sa cousine, mais on peut en douter compte-tenu de la distance les séparant.

Nous avons vu que JANNEAU s’écrit aussi JANAULT, JEANNAULT, JANNAUT, JANNAUD, JEANNEAU, JEANNOT ou JANOT ! Tu as pu voir que moi-même j’ai utilisé quelques-unes de ces variantes !

Mélie PHILIPPEAU est la même personne qu’Anne Marie FLIPPEAU, Amélie PHILIPPEAU, Mélie Anne PHILIPPEAU, Émelie PHILIPPEAU, Émélie PHILIPPEAU ou Émilie PHILIPPEAU !

On peut aussi noter que les recherches en Loire-Atlantique sont facilitées car il y a, pour le 19e siècle, un fichier par année et par type d’acte (naissance, mariage, décès), et bien sûr par commune. Ce n’est le cas ni du Loir-et-Cher, ni de l’Indre-et-Loire. Dans les archives de ces départements tous les registres des actes du même type sont groupés dans un seul fichier par commune, le fichier comporte alors souvent plusieurs centaines de pages !

Amitiés cousinales

Didier