Cher cousin, chère cousine,
Quand tu donnes un lieu de rendez-vous à une de tes connaissances, il t’arrive probablement de le faire avec ton téléphone mobile en envoyant un SMS.
En 1913, le SMS n’existe pas, le téléphone mobile non plus, et il n’y a que 200 000 abonnés au téléphone fixe en France. Pour se donner rendez-vous, on utilise la carte postale. En voici une que notre grand-mère Berthe LEBAUDY avait conservée :
La carte date du 29 janvier 1913 et est adressée à son frère Victor, à Rully (Calvados) où ils habitent alors, avec leur mère, au village de l’Aunay. Elle est envoyée par Armand DURAND depuis Moncy (Orne). Quelques années plus tôt, Armand était un de leurs voisins à l’Aunay (recensement de 1911); il a ensuite déménagé à Moncy (le recensement de 1921 indique qu’il habite, avec femme et enfants, à la Vionnière à Moncy).
Armand donne rendez-vous à Victor près de la chapelle. Il indique aussi qu’il faut descendre vers le Bois de Moncy. En explorant la carte de Moncy, on découvre la chapelle de Notre-Dame-de-la-Salette, le long d’une route qui mène au village nommé Bois de Moncy. Voici la route qu’a probablement suivie Victor :
En partant de l’Aunay, après 5 ou 10 minutes de marche, Victor passe d’abord devant un premier calvaire. Celui existant en 1913 a été détruit lors du débarquement en 1944. Il a ensuite été restauré :
Il arrive ensuite au bourg de Rully et passe le long de l’église. Il est probable qu’il ait souvent fait ce parcours de 15 minutes pour aller à l’école, au catéchisme ou à l’église.
Il emprunte ensuite la route de Moncy. Dix minutes après avoir quitté le bourg de Rully, il passe devant le calvaire des missions, toujours sur la commune de Rully :
Lui reste alors 20 minutes de marche pour arriver au bourg de Moncy, après avoir changer de département sans s’en rendre compte. Il peut alors en admirer l’église :
En prenant la direction du Bois de Moncy, il arrive alors à la chapelle Notre-Dame-de-la-Salette, probable lieu de rendez-vous :
Armand DURAND parle d’un « chemin pas tout à facile à trouver ». Ne sachant pas quel chemin il faut trouver, notre aventure s’arrête ici. Je l’ai retracée en rouge sur cette carte :
On sait que l’heure fixée est 11 heures, mais on ne connait pas la date du rendez-vous, sans doute donnée auparavant ! On ne connait pas non plus l’objet du rendez-vous. Victor avait 14 ans, peut-être venait-il travailler ?
Tu sais que 17 ans plus tard, en 1930, Victor épouse Denise DURAND. Tu te demandes sans doute quel est le lien familial entre Denise et Armand DURAND, l’auteur de cette carte : en consultant les arbres généalogiques sur geneanet.org, je n’ai trouvé aucun lien familial entre eux.
Amitiés cousinales
Didier
Camembert et Muscadet 